DES NOUVELLES DE QUELQUES-UNS 22

Aujourd’hui, c’est un texte écrit suite à une réunion d’anciens le 23 décembre 1970…. et à la suite une suggestion.
Pourquoi nous réunir entre Anciens?
     Ils étaient une centaine, le 23 décembre. Il y avait une bonne partie de la promotion Wardrecques, les vétérans, aux paroles chargées de dynamite et aux pensées sages ; déjà clairsemées les promotions intermédiaires où l’on remarquait avec joie telle jeune épouse d’ancien ; bruyantes et gaies les promotions récentes, heureuses de pouvoir crier à tue-tête dans le réfectoire et ne plus sentir le poids de la discipline scolaire. C’était sympathique, exceptionnel. Pourquoi ?
     C’est que l’homme se trouve à l’aise dans la fidélité. On mesurerait sans doute assez bien sa valeur humaine à sa capacité de mémoire affective. Une psychologie a besoin de racines, comme une plante, c’est-à-dire de souvenirs d’enfance et d’adolescence : heures ferventes où l’on forgeait son idéal inaccessible, attachements d’alors où le cœur s’ouvrait à l’amitié et à l’amour oppositions où par le chahut on essayait la solidité de sa surface. Quand l’homme souffre ou s’émeut ou vieillit, il retourne à ses souvenirs. C’est la trame de sa vie. A ces moments là, on se sent plus unifié, plus personnalisé. « per-sonare »: retentir à travers… Voilà pourquoi, chers anciens, ce soir là, vous vous sentiez heureux, en tout cas, à l’aise dans votre peau d’ancien. Le cadre était le même, les maîtres aussi ou presque. Les murs et les couloirs et les objets avaient comme gardé votre image et vous la renvoyaient. Ce qu’il y a pu y avoir depuis de moins bon dans votre vie ne s’y était pas inscrit et aucun reflet ne vous parvenait. Vous étiez redevenus vous-mêmes inconsciemment peut-être.
     Et les maîtres, ceux qui avaient pu être là? Ils semblaient ravis. ils cherchaient à remettre sur des visages connus un prénom où un nom. Ils se disaient -« Que devient-t-il ? », En tout cas, il est là et c’est un signe. En moi il ne voit plus le professeur ni le surveillant mais l’homme que je suis ». Entre nous il n’y a plus la prétendue dialectique de maître et de l’esclave : Il ne reste plus que l’amitié. Cet homme a consacré sa vie à la jeunesse et moi, ancien, j’en ai pris ma part et je puis encore venir lui en demander une autre quand j’en ai besoin. L’ancien révèle au maître le sens de sa vie. Toutes les discussions verbeuses sur l’éducation, toutes les mises en cause de l’enseignement libre ne vaudront jamais la poignée de mains que le maître échange avec l’ancien. Un prêtre qui a une très longue expérience de la carrière nous disait un jour : « Vous ne travaillez pas pour vos élèves mais pour vos anciens élèves ». Un supérieur au langage vigoureux disait récemment à un groupe de grands garçons : « Ce que vous pensez maintenant, je m’en F.. C’est ce que vous penserez plus tard qui m’intéresse ».
     Ce plus tard, c’était un peu le 23 décembre. La mémoire était redevenue prospective; telle est bien sa fonction: se reporter au passé pour construire l’avenir. C’est la faculté du futur comme la fidélité.
Merci à vous tous d’être venus. Merci à vous aussi qui ne l’avez pas pu de nous avoir écrit. Et venez donc l’année prochaine vous autres qui avez oublié, Ce n’est pas nous ni les murs que vous retrouverez, mais vous même, en plus vrai.
E. B.
    
     Voilà, je sais que des anciens d’une même promo ont l’occasion de se réunir de temps en temps, c’est bien mais pourquoi pas, avec d’abord l’aval de la direction bien sûr, une réunion entre anciens de toutes les générations à Haffreingue ?
     Qui pour prendre l’initiative d’une telle organisation ? Choisir une date pour une rencontre simplement autour du verre de l’amitié ou comme ça se faisait à l’époque en partageant un repas
*** le 23 octobre 2022
 
Un autre texte « Ni lecture…. Ni spirituelle…  » écrit il y a 40 ans mais qui est et sera toujours d’actualité.
Bonne réflexion.
 
     Le travail, les loisirs forcés, les relations, les yeux fixés sur les écueils de la route, la famille,même nous, … empêchent souvent de faire le point, de nous regarder nous-même, non dans la glace, mais en notre âme, notre cœur, notre esprit. Pendant ce temps nos qualités se développent très rarement- car il y faut de l’exercice ; nos défauts, eux, enfoncent spontanément leurs racines en notre centre et de là commandent le détail de nos attitudes. Les défauts? Au fond, il n’y en a qu’un dont dérivent tous les autres et dont personne n’est exempt: l’égoïsme. Il se manifeste parfois bien discrètement tout au long de nos journée. Je ne referme pas la porte : tant pis pour ceux de l’intérieur. Je laisse brûler indûment l’électricité : ce n’est pas moi qui paie I Je ne m’essuie pas les pieds sur le tapis-brosse. A table, je tourne adroitement le plat de viande pour que le plus beau morceau se trouve devant moi, car je suis poli. Je délaisse mon vieux voisin de droite pour ma jolie voisine de gauche. Bavard, j’accapare la conversation et modestement je glisse l’incise qui me fait valoir. Silencieux, je m’enferme dans le mutisme quelque peu mufle. Dans la discussion, je défends à tout prix mon bifteck, en tout cas au prix d’un peu de vérité. Comme je conduis bien, je fonce et parfois je néglige un feu rouge inutile. Et puis, dans mon auto, ce papier de carembar qu’en faire sinon le confier à la route ? Comment voulez- vous que j’aie le temps de répondre à cette lettre ? mais si on ne me répond pas à moi, gare. Qu’on m’oublie même involontairement et qu’on me manque tant soit peu d’égards, me voici froissé. Suis-je de mauvaise humeur, bien sûr justifiée, je fais la tête ou la vie à toute la famille et voilà Madame qui s’énerve ou boude, Mami qui se ratatine, Jacques, mon grand, qui se renfrogne et Toto qui se met à geindre.
     J’arrête là. L’égoïsme s’insinue dans tous nos comportements si nous n’y prenons pas garde. Or il est une erreur de jugement et une régression. Erreur de jugement car nous nous attribuons la première place, et de quel droit serions nous le premier? Régression, car nous n’avons pas su nous dépouiller de l’infantilisme du bébé qui ne veut et ne peut que recevoir. L’enfant gâté adulte ou vieux, c’est bien connu.
     Et si toute notre vie morale consistait à redresser cette courbe qui partie de moi replie tout vers moi et accapare tout à moi, pour la forcer à se diriger vers les autres, vers le bien, .vers Dieu? Et si l’égoïsme était en nous le péché originel qu’il s’agit de combattre à tout instant pour lui substituer la grâce de la charité, qui est l’oubli de soi, ouverture, sourire ? Ce serait si simple et si difficile I
E.B

*** Samedi 1er octobre 2022

     Ambroise Gournay (JA 93), fils de Jean-Baptiste Gournay (JA 62) qui a été professeur de philosophie au lycée Haffreingue-Chanlaire et Monsieur Christophe Yvart papa de Laurine (JA 2013), Ephédrine (JA 2015),Pauline (JA 2017), Callistine (JA 2021) et Côme toujours au lycée, ont été ordonnés diacres permanents, le samedi 1er octobre 2022 à 15h00 en la cathédrale d’Arras par Monseigneur Olivier Leborgne Évêque d’Arras.

*** Juillet 2022

En ce temps de vacances quelques pistes de réflexion à méditer….. écrites il y 45 ans par le Supérieur d’Haffreingue-Chanlaire, Ed. Bernaert, elles sont toujours d’actualité.

Le dernier mot sur la «Reconnaissance» m’a valu de la part de beaucoup de jeunes anciens, à ma surprise, des témoignages qui m’ont touché. Au moment où je commence mon quinzième cahier de préparation (rassurez-vous: ils iront tous au panier), il me vient à l’esprit que cela vous amuserait si j’évoquais pour vous les thèmes – les bateaux ? – des lectures spirituelles qui n’étaient ni lectures ni spirituelles mais simples causeries. Je m’y efforçais de répéter des formules, parfois des citations, avec l’espoir peut-être naïf que leur répétition ferait stalagmite dans vos mémoires.
Je vous livre en vrac, ou presque, comme elles me viennent.
– «La seule preuve d’un homme, ce sont ses actes».
– «La parole est le premier repli devant l’action».
— «Tout a été dit et son contraire».
– «Et flatteur s’applaudir».
— «Flatter les jeunes par démagogie, c’est ne pas les respecter mais se gonfler soi- même».
– «Méfie-toi du faible : il peut être méchant».
— «Nous sommes tout entiers dans chacun de nos actes».
— «Dans l’Évangile, au figuier qui ne produit rien: «Pourquoi donc occupe-t-il la terre ?».
– «Dans la vie. Il n’y a pas de grandes choses, il n’y a que des détails».
— «Le papier jeté à terre est pollution ; le cartable dans l’allée: égoïsme».
– «Se camoufler derrière son cartable pour faire des math. pendant le catéchèse, c’est choisir pour toujours».
— «Ne pas confondre sentiments et idées, en politique comme ailleurs. Il y a plus de sentiments (Freud I) que d’idées».
– «Aucun sentiment n’est valable s’il n’est passé une fois au crible de la raison».
— «Ce n’est pas pour vous, garçons de 17 ans, que je travaille, mais pour vous quand vous aurez vingt cinq ans».
– «Tu n’auras jamais d’autre événement que toi-même».
– «Car tu ne deviens que contre ce qui te résiste».
– «Ce dont l’homme a le plus peur, c’est de la liberté et de la responsabilité, non revendiquées mais vécues».
– «Si un choix te fait peur, ne cherche pas: c’est le bon».
–« Attention I nous projetons nos défauts sur les autres. cela nous en débarrasse»
–.«A quarante ans un homme est responsable de sa physionomie», même avant !
– «En déformant un peu: «Le rire est le son d’une âme», le gros rire gras».
– «La bouche parle de ce dont le cœur est plein» ; les grossièretés.
– «Politesse: expression nécessaire de la charité».
– «Je veux changer la société»: commencez par vous changer vous-même.
— «Valeur du caractère plus importante que celle de l’intelligence».
– «L’aigle vole seul, les oies volent en bande».
– «Plus on est nombreux, plus on est bête : les prestidigitateurs le savent».
— «Impossible sans le silence d’entendre en soi la voix de Dieu».
— Cette constatation du grand Malraux: «Pour nos contemporains, Dieu est moins un problème qu’on discute qu’une présence qu’on écarte».
— Et pour clore enfin, ce mot qui n’est pas sur mes cahiers: Ancien élève, nouvel ami.

E.B.

*** Juillet 2022

Bonnes nouvelles de José Szlowieniec (JA90) qui vient d’être nommé commissaire de police aux Sables-d’Olonne.

*** Juin 2022

*** Bonjour à tous,
Après le texte de réflexion « sens ou non-sens » voilà un autre texte plus général écrit par M. le Supérieur, l’abbé Edmond Bernaert, il y a 50 ans à la rentrée scolaire de 1972 et qui mérite aussi qu’on y réfléchisse.
Amitiés à tous et bonne méditation.

CHERS ANCIENS

Depuis plus de vingt ans qu’Haffreingue-Chanlaire existe comme tel vous devenez nombreux, dispersés aux quatre vents de France et même du monde. Tout de suite après votre départ vous êtes revenus plusieurs fois: c’est si bon de se promener librement dans les couloirs. Puis vos visites se sont espacées mais vous êtes quand même revenus annoncer votre mariage. Depuis un faire-part de naissance, une carte de Nouvel An nous assurent que vous n’oubliez pas votre collège. Savez-vous qu’il me vous oublie pas non plus et qu’il est parfois question de vous à la table des professeurs? Entre vous et nous un lien s’est tissé au cours des années de votre enfance et de votre adolescence et ce lien demeure solide. Ne le brisez pas.

Ici la vie continue. De plus en plus j’inscris des fils d’anciens. Cette continuité fait plaisir, car il n’est pas si facile de continuer. Jacques de Bourbon-Russet, quelqu’un que je vous conseille de lire, écrit quelque part: « Conserver, ce n’est pas rien faire, ne rien changer, c’est au contraire, agir tout le temps, réformer pour faire durer. Conserver c’est réformer. La lutte contre le désordre, contre l’entropie, est une conquête de chaque jour ».

Lutte de chaque jour, voilà bien la vie de votre collège comme la vôtre certainement. Au fond, la vie ne serait pas grande si elle n’était pas cette lutte. Mais aussi la vie ne serait pas belle si à travers elle ne courait pas la trame de l’amitié. Puisse la nôtre vous aider un peu, comme la vôtre nous aide.

E.B.

 

*** 25 mai 2022

Bonjour à tous.
il y a quelques décennies, Le Chanoine Edmond Bernaert, Supérieur de l’institution Haffreingue-Chanlaire écrivait souvent une page de réflexion dans le bulletin « RENCONTRES » des Jeunes anciens. Il avait intitulé ça « NI LECTURES NI SPIRITUELLES ». Certains s’en souviendront d’autres vont les découvrir au fur et à mesure des publications à la fois sur le site Nazareth-Haffreingue et sur les pages Facebook à destination des anciens.

Suite à des évènements tragiques il avait proposé à notre réflexion ce petit texte qu’il avait intitulé :
SENS OU NON-SENS ?

     Après la disparition de Guy Gommeaux, de Pierre Vanheeckoet, de Dominique et de Julien Lécrivain, pour ne parler que de l’actualité, voici que nous apprenons celle d’Antoine de la Gorce et de sa jeune épouse.

     Le premier mouvement du cœur est de se révolter: un réchaud à gaz qui continue de brûler, un filin qui se prend dans une hélice, un écart sur une route droite, un gué devenu soudain impraticable, et voici des jeunes vies humaines promises à la joie, brutalement emportées, laissant derrière elles le chagrin, un sentiment d’absurdité, une impression de non-sens.

     Le chagrin est naturel: ils se sont figés dans le silence de la mort, nous les aimions, ils étaient jeunes et joyeux. Toujours, ils manqueront à notre monde visible et notre affection est à jamais blessée. Impossible de penser sans frémir à la douleur de leurs pères et mères, de leurs frères et sœurs.

     Le sentiment d’absurdité, l’impression de non-sens, cependant sont de trop. Sans doute, si la vie n’était qu’une trajectoire de la naissance à la mort, nous ne comprendrions pas qu’elle fût si bêtement brisée, mais la vie, est plus que cela. La trajectoire part de plus loin que la naissance, se prolonge au-delà de la mort. Elle va de Dieu initial à Dieu final. Chaque être humain est une idée de Dieu, et la vie est donnée pour faire l’épreuve et la preuve d’une liberté qui sait s’orienter vers son pôle divin. Qu’un évènement naturel, si stupide soit-il, interrompe la trajectoire visible, nous savons qu’elle continue par-delà la portée de notre regard vers un Être qui la réalise comme un but. Dans un autre monde mystérieux, mais certain, nos amis vivent heureux et comblés. Il n’y a plus de non-sens.

     Une phrase de l’Évangile devrait être présente à notre esprit quand nous prend la tentation d’absurdité devant la mort. Jésus va mourir ! A côté de lui, un homme va mourir aussi. Et voici que le Seigneur prononce ces mots qui résument toute notre foi et notre espérance, en quatre perspectives profondes :
-celle de notre personnalité gardée par-delà la mort : TU SERAS
-celle de la réalité temporelle de notre transformation : AUJOURD’HUI
-celle de l’amitié définitive avec le Christ : AVEC MOI.
-celle du bonheur : DANS LE PARADIS.

     Guy, Pierre, Dominique, Julien, Antoine, nous vous reverrons.

E.Bernaert.

*** 22 janvier 2022
Meilleurs vœux pour 2022 à tous les anciens avec ces quelques photos de mon année 2021
A bientôt
Amicalement

 

D. Ficheux (JA 76)

***19 janvier 2022.
Bonjour à tous
Ma première rencontre/signature aura lieu le mardi 1 Février à Paris à la Librairie Gallimard ,Boulevard Raspail à 19h. Un grand merci à Anne Ghisoli pour cette invitation.

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G. Vincent (JA 71)